Le jour "J" de l'intérieur
Mercredi 20 mai 2009 : Ce soir, je dors en Suède. Avec Odile,
nous partons en voyage. Mais je ne voulais pas quitter l'hexagone sans vous livrer mes impressions sur ces 4h15' de dimanche, entre Cancale et le Mont St
Michel.
Hervé, Nico et moi, avons donc couché chez Flo et Olivier à St Coulomb,
pour être sur place. Stéphane, un pote d'Hervé était avec nous. Bonne ambiance lors de la Pasta Party, bien que nos pâtes étaient collantes comme rarement. La crème fraîche n'y a rien
fait...
Nuit tranquille et réveil à 6h pour un petit dej simple mais efficace :
café et pain. Ensuite, préparation minutieuse. Coupage des ongles de pieds, mettage de crème sur les genoux, protection des tétons, enfilage d'un sac poubelle de 100L à l'envers pour éviter la
pluie et le froid sur la ligne de départ, préparation de notre sac-consigne pour avoir nos affaires à la fin de la course... Notre convoi aurait laissé perplexe plus d'un piéton, mais nous
n'avons croisé personne.
A Cancale, un peu avant 8h, la foule est déjà dense. Nous
allons poser notre sac à la consigne et nous attendons le départ tranquillement. A 8h45, le ciel se dégage et les premiers rayons de soleil nous réchauffent. Bonne nouvelle, la météo est de notre
côté, même si le vent est encore soutenu.
Sur la ligne de départ, on se sépare.
Hervé va autour des meneurs d'allure "3h". Stéphane et moi, autour des "3h45" et Nico attend ses potes de Redon. Ils sont arrivés à la bourre. Résultat, ils sont en queue de peloton. La
magnifique voix de Denis Brogniard nous annonce la présence de Clovis Cornillac. Waouuu, un marathon people !
9h pétante, top départ. Les 5000 coureurs s'élancent et il faut du temps pour trouver son rythme. J'enlève mon sac poubelle
après 5-6 minutes. Je suis juste à côté du premier meneur d'allure "3h45". Il est sympa, déguisé et donne des conseils. Tout va super bien. Petit à petit, le peloton s'étire et je me retrouve avec un groupe d'une 30aine de personnes qui courent toutes à mon allure.
Il me faut presque ½ heure pour repérer les marquages au sol qui indiquent les km parcourus. En fait, au début, on se laisse porter par le groupe et on arrive au 6ème km sans s'en rendre
compte.
Je suis ravis de mes temps de passage. Le 10 km est bouclé en 51'. Après
une 1h02', je passe le panneau des 12 km et mes jambes tournent sans demander leur reste. Tout va très bien. Je me souviens alors du semi de Port-Louis et je me dis que dans quelques km, je vais
commencer à souffrir. Mais pas du tout, on arrive au 21km100 après 1h52' !!! C'est 6' de mieux qu'il y a 3 semaines. J'ai du mal à y croire. Je gère les ravitaillements toujours de la même façon : 4 morceaux de sucre et 500 ml
d'eau.
23ème km, Stéphane me double. On discute quelques centaines de mètres, mais
son rythme est plus élevé que le mien.
25ème km, changement de décor. Mes genoux se
réveillent ! Encore le droit en premier, puis le gauche. Heureusement, au passage du semi, j'avais pris du Doliprane et la douleur est supportable quelque temps. Nico et ses potes me doublent
enfin. Je suis surpris d'avoir tenu aussi longtemps devant eux.
30ème km, deuxième
et dernière prise de Doliprane. Je sens de plus en plus mes genoux, mais j'ai deux objectifs : terminer coûte que coûte (j'ai tout l'été pour soigner mes genoux) et ne jamais
marcher.
Je m'accroche, le soutien de la foule est indispensable dans ces moments.
Je tiens bon et le vois le Mont de mieux en mieux. Les km s'égrainent de plus en plus lentement. C'est l'heure d'utiliser ma dernière arme, une hormone dont Nico m'avait parlé la veille : la
"Moraline". Tout se joue dans la tête. Si on l'écoutait, le corps aurait tout arrêté depuis un bon moment.
Arrive le 40ème km... 4 heure pile après le départ et là, stupeur, je double Nico qui marche, à quelques encablures du Mont.
Une tape dans le dos et je boucle péniblement les 2km195 qui me reste. A l'arrivée, c'est dur. Un secouriste se porte à mon niveau pour s'assurer que tout va bien. Je reçois ma médaille et
reprends mes esprits, mais mon corps semble m'en vouloir. Il est vraiment allé au bout de lui-même. Je retrouve le "clan" Miniac. L'aventure est terminée. JE SUIS UN MARATHONIEN
!!!
Deux jours plus tard, j'ai encore mal partout mais je veux repartir en 2010, je
veux descendre sous les 4h, je veux revivre ça !!! Marathonien et drogué...
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